Du Japon à la France, l’artiste peintre Rikizo et son style Rouge Levant sont nés lorsque l’héritage du pays du Soleil Levant s’est révélé au pays des Lumières.
L’harmonie et la force présentes dans chaque œuvre de Rikizo témoignent de cette origine hybride : entre mémoire et liberté.


Né en 1946 au Japon, Rikizo grandit dans un Tokyo encore marqué par les cicatrices des bombardements nucléaires.
L’après-guerre japonaise est une période de reconstruction intense, à la fois matérielle et culturelle,dans un climat de deuil collectif.
Ce contexte tragique marquera durablement la sensibilité de l’artiste.
C’est dans cette atmosphère chaotique que, diplômé de l’université d’Aoyama, Rikizo entreprend une activité novatrice et moderne de programmeur informatique freelance.
Talentueux et avant-gardiste, il devient l’un des pionniers indépendants du secteur, dans un Tokyo en pleine mutation.
Cependant,très vite, l’univers strict du langage binaire le frustre : il ressent un besoin irrépressible de s’exprimer au-delà de la logique imposée par les lignes de code, renouant avec l’essence de l’art traditionnel japonais visible dans la calligraphie ou les jardins zen.

Forgé dans une société japonaise où le conformisme est perçu comme une vertu, il cultive néanmoins très tôt une conscience artistique personnelle, nourrie par la pratique de la peinture, de l’architecture et d’une profonde observation du vivant.
Dans une société où l’effacement de l’individualité est valorisé au profit d’une harmonie de façade qui impose le maintien d’un ordre établi, Rikizo a senti que cet environnement n’était pas propice à son développement artistique. Ce cadre social restrictif freine l’épanouissement de l’individualité propre à chacun.

En 1971, un premier séjour à Paris provoque un véritable choc existentiel.
L’effervescence artistique de la capitale bouleverse ses repères. Abandonnant son projet d’entretien à Rome pour un poste d’ingénieur, il décide de s’immerger dans un univers créatif encore insoupçonné.
Le décès de son père interrompt ce séjour fondateur.
Ce premier contact avec l’Europe a jeté les bases du mouvement Rouge Levant, qui incarnera plus tard sa vision artistique.
Inspiré par son ami, artiste peintre, Yoshida Kenji, pour qui il garde encore en mémoire une profonde affection et respect, il s’oriente alors naturellement vers l’abstractionnisme.
Il commence alors à revendiquer pleinement son statut d’artiste abstrait contemporain.

Les œuvres de Rikizo se situent à la croisée de deux héritages : l’abstraction européenne moderne et la tradition esthétique japonaise.
Chaque composition, unique et rigoureusement structurée, traduit une maîtrise instinctive du geste.


Ses coups de pinceau, à la fois doux et précis, évoquent la calligraphie asiatique et la précision du kanji.
Le résultat, tout en équilibre et en tension, libère une charge émotionnelle puissante.
Rikizo explore l’union subtile entre spontanéité et rigueur, entre vibration intérieure et silence formel.
L’harmonie de son art s’inscrit dans la continuité d’une forme d’abstraction méditative proprement japonaise.


À son retour en Europe, Rikizo s’installe près de Genève où il occupe un poste de fonctionnaire international au Bureau International du Travail de l’ONU.
Il y met en œuvre ses dons en programmation informatique avec l’élaboration de lignes de codes modernes en avance sur son temps.
En parallèle, il continue de s’adonner à la peinture abstraite contemporaine, et organise en 1975 sa première exposition personnelle au musée d’Annecy.



Porté par cette reconnaissance, Rikizo attire rapidement l’attention d’institutions et galeries majeures.
La galerie Numaga à Neuchâtel en Suisse devient l’un de ses premiers soutiens, tandis que le ministère de la Culture française lui attribue un atelier à Paris.



Son travail rencontre un grand succès en Scandinavie, notamment au Danemark avec la galerie Birch de Copenhague.
Durant cette période, Rikizo expose à deux reprises au Grand Palais de Paris lors des FIAC (Foire Internationale d’Art Contemporain) de 1986 et de 1989, consolidant sa place sur le marché de l’art contemporain européen.

Porté par cette reconnaissance, Rikizo attire rapidement l’attention d’institutions et galeries majeures.
La galerie suisse Numaga devient l’un de ses premiers soutiens, tandis que le ministère de la Culture française lui attribue un atelier à Paris.
C'est au tournant du nouveau millénaire que l’art de Rikizo se structure pour donner naissance au Rouge Levant.
A la suite de son mariage avec Yoko et de la naissance de leur fils Kazu, la famille s’installe à Auvers-sur-Oise, haut lieu de l’impressionnisme.
Dans les champs où Vincent Van Gogh, Camille Pissarro ou Paul Cézanne ont peint, Rikizo aménage son atelier au sous-sol d’une maison suédoise rouge de trois étages.

La mort tragique de sa mère Fumiko, en 1994, agit comme un catalyseur intérieur : Rikizo dépasse ses propres limites et parvient à exprimer la quintessence de son art à travers l'utilisation des matériaux tels que des planches de bois et des cordes tendues.
L’équilibre et l’harmonie qui se dégagent de ses œuvres forment un contraste saisissant avec la densité émotionnelle qu’elles véhiculent. Ce contraste forme la signature esthétique du Rouge Levant.









Artiste reconnu internationalement, Rikizo réalise de nombreuses commandes privées : ses œuvres d’art abstrait contemporain figurent dans des collections prestigieuses en Europe, aux États-Unis, en Chine et au Japon.
Son langage pictural immédiatement reconnaissable, traduit une sensibilité profondément japonaise, nourrie par une abstraction subtile dont l’identité singulière est pleinement assumée et affirmée.

À Tokyo, deux toiles monumentales accueillent les visiteurs à l’entrée d’un grand siège d’entreprise, incarnant l’intégration de l’art contemporain japonais dans l’architecture moderne.

Pour ce projet emblématique, Rikizo a repoussé les limites de sa création en concevant une composition novatrice en quadrillage de quatre tableaux.
Peintes dans son atelier d’Auvers-sur-Oise, ces toiles ont été assemblées au Japon pour transformer un espace austère en un lieu vibrant de présence.

